J'aime beaucoup les librairies. Je n'achète pas souvent, je dois l'avouer, mais je raffole de l'ambiance qui règne, des couleurs, des propositions et des libraires, surtout des libraires. Pour leurs conseils, leur audace et leurs connaissances impressionnantes. J'étais donc curieuse de découvrir l'envers de leur métier et c'est Katia de la
Librairie Monet qui a accepté de répondre à mes questions.
Avez-vous toujours voulu être libraire? Pourquoi?
J’ai d’abord voulu être danseuse, mais lorsque j’ai dû arrêter de danser, la littérature a tout de suite été une évidence et devenir libraire a été mon premier choix.
En quoi consiste votre travail?
Comme je suis libraire jeunesse, qui plus est chez Monet, je conseille exclusivement la clientèle qui recherche des livres pour les enfants, mais le travail de libraire consiste aussi à placer les livres que nous recevons, effectuer les commandes, recevoir la clientèle des collectivités (c’est-à-dire : les enseignants et les bibliothécaires…) et leur présenter les nouveautés du mois, écrire des articles pour le site et le blogue de la librairie. Je dois aussi m’informer de l’actualité littéraire jeunesse et lire, lire, lire…
Qu'est-ce que vous préférez dans votre métier?
Répondre à la clientèle et échanger avec elle. Les jeunes sont très généreux et ne se gênent pas pour dire ce qu’ils pensent.
Qu'est-ce que vous aimez le moins?
Ne plus trouver de livres sous le sapin de Noël! À notre grand désarrois, lorsqu’on est libraire, nos proches n’osent plus nous offrir de livres en cadeau.
Quelle formation avez-vous suivie pour devenir libraire?
Des études littéraires, mais la meilleure formation qui soit c’est encore d’acquérir de l’expérience dans le service à la clientèle et lire énormément.
Quelle est la question que vous ne pouvez plus entendre?
C’est quoi votre best-sellers? (Ce n’est pas parce que c’est un bon vendeur qu’il sera à votre goût et il y en a toujours beaucoup des best-sellers)
Qui est le plus difficile à renseigner : un jeune, un enseignant ou des parents? Pourquoi?
Le client le plus difficile à conseiller est l’avare de commentaire, celui qui n’ose pas parler de lui.
Selon vous, quelles sont les qualités du public jeunesse?
Le public jeunesse est souvent enthousiaste et passionné. Ce sont des clients que l’on voit grandir avec les années et c’est très touchant.
Que recherchez-vous dans les livres jeunesse?
Je souhaite être séduite, soit par l’écriture, l’histoire ou par l’illustration ou mieux encore lorsque les trois sont réunis comme par exemple avec
Charles à l’école des dragons d’Alex Cousseau et Philippe-Henri Turin aux éditions du Seuil.
Pensez-vous que tous les sujets peuvent être traités en littérature jeunesse?
Oui. Une seule condition s’impose : la façon d’écrire les choses. La littérature jeunesse peut être du simple divertissement tout comme un tremplin pour mieux se comprendre soi-même et le monde dans lequel on vit.
Pensez-vous que l'on devrait privilégier les classiques aux livres jeunesse dans les écoles?
Je crois qu’il faut un juste milieu.
Êtes-vous pour les adaptations cinématographiques des livres jeunesse? Pourquoi?
Oui. Ce n’est pas toujours très réussi, mais si ça peut donner envie de lire aux jeunes, c’est un point de gagné. Ce fut le cas avec plusieurs romans dans les dernières années.
Puisque vous lisez beaucoup, quel est, selon vous, …
…le meilleur suspens de l'année?
Délit de fuite de Christophe Léon publié chez La joie de lire.
…le meilleur roman d’amour?
Cette année, je ne saurais dire mais celui qui me reste en tête depuis des années c’est
La belle aux oranges de Jostein Gaarder chez Seuil.
…le meilleur fantastique?
L’atlas d’émeraude de John Stephen chez Milan.
…le meilleur science-fiction?
J’hésite entre
Black-out de Sam Mils paru chez Naive,
Léviathan de Scott Westerfeld publié chez Pocket jeunesse ou
Terrienne de Jean-Claude Mourlevat chez Gallimard.
Enfant, étiez-vous une grande lectrice?
Oui. D’ailleurs, toute petite, mon jeu préféré était de jouer à la bibliothécaire. Tous mes livres avaient leurs petites enveloppes et leurs cartes de retour.
Qui vous a donné le goût de lire? Comment cette personne a réussi à développer ce lien entre vous et les livres?
Ma mère. L’un des plus beaux souvenir que j’ai de mon enfance est lorsqu’elle me faisait la lecture et qu’elle m’accompagnait à la bibliothèque.
Quel mot décrit le mieux votre relation avec les livres? Pouvez-vous nous expliquer ce lien?
Fusionnelle! Je ne passerai jamais de la lecture.
Quel roman a marqué votre adolescence?
Moi, Christiane F., 13 ans. Droguée, prostituée…
Quel est le livre sur votre table de chevet?
Difficile à dire… Il y en a toujours plus qu’un. Mais celui qui me suit depuis très longtemps est :
Mondes fragiles choses frêles, d’Hélène Dorion (un recueil qui rassemble ses poèmes écrits de 1983-2000).
Dans quel endroit préférez-vous lire?
Dans mon lit avec un bon thé et des biscuits ou une bonne coupe de vin.
Y a-t-il un livre ou un genre littéraire que vous aimez beaucoup, mais que vous avez un peu honte de révéler?
Non, pas de honte! J’ai bon goût! (Rire)
Pour d'autres suggestions et pour découvrir les passions des libraires de chez Monet, il faut aller lire
Le Délivré, là où
les libraires se livrent.
Superbe entrevue! J'adore les libraires de chez Monet. Je compatis avec l'absence de livres sous le sapin... je vis (difficilement)la même chose. On devrait créer un groupe de libraires-bibliothécaires-blogueurs-maniaques-de-livres juste pour se faire un échange de cadeaux: des livres, juste des livres!