Pierre Bayard déteXtive privé – L'affaire Petit Prince

Ancien membre de la chevalerie de lecture experte de France (CLEF) Pierre Bayard s’est vu interdire toute enquête littéraire par sa présidente, Élise Mieux. S’ennuyant ferme avec son acolyte Édith, Pierre ne peut toutefois pas résister à une annonce étrange et anonyme qui le met sur la piste d’un mystère bien planqué au cœur d’un des romans les plus lus de tous les temps : Le Petit Prince. À l’aide de leurs jeunes voisins intrépides et créatifs Minuit-Pile et Bas de Casse, voilà Pierre et Édith sur la trace d’une énigme qui pourrait tout changer…

Premier tome d’une série qui souhaite mettre à jour des secrets cachés dans des livres bien connus et rendre aux lecteur·rices le plaisir des hypothèses et de l’enquête dans leur propre parcours littéraire, L’affaire Petit prince offre une intrigue riche en intertextualité et en surprise à destination d’un lectorat avancé et… curieux !

L’avis de Sophie

Impossible de rédiger un avis typique après une lecture pareille. Ce texte-ci sera donc un plaidoyer pour que vous lisiez ce roman qui m’a sérieusement enthousiasmée, m’a stupéfaite et m’a donné envie de retourner enseigner le Petit Prince (et celles et ceux qui savent savent à quel point ceci est révélateur). D’ailleurs, bien qu’il soit noté d’entrée de jeu dans ce roman qu’on peut lire L’affaire Petit Prince sans avoir lu Le Petit Prince (même si l’expérience est moins riche), je pense qu’on perd toute la saveur de cette œuvre-ci. Bref, Le Petit Prince d’abord, celui-ci ensuite (et alors, tout de suite après, c’est encore mieux).

Pour en revenir aux raisons de vous jeter sur L’affaire Petit Prince, je dirais que c’est du Pennac à la sauce jeunesse (mais pas tant) ponctué de petits trésors (++), de références littéraires, de figures de style semi-cachées pour que le plaisir de la relecture n’en soit que décuplé. C’est aussi et surtout une intrigue habile et enlevante, un livre brillant qui met de l’avant notre paresse, parfois, à prendre pour acquis certaines choses, et ce, dès les premiers chapitres.

Ensuite, c’est une lecture drôle ! Il y a des blagues premiers degrés, de l’humour très niché, des jeux de mots, des retournements inattendus, des ruptures de ton qui dynamisent le tout… L’humour dans une littérature exigeante, c’est un pari qui peut être risqué, mais ici, le défi est relevé avec brio : l’humour allège sans éliminer la substance et est en parfaite adéquation avec le propos principal, soit de redonner de la joie dans notre approche des livres et, surtout, de faire la belle place au travail des lecteur·rices.

Finalement, c’est un livre qui marque. Le genre de roman qui reste en tête et changera votre rapport aux autres livres. Qui suscitera peut-être même l’envie de vous coltiner des classiques et vous offrira de nouvelles lunettes pour en observer les codes, pour jouer avec les textes et vous les approprier.

Bref, c’est du génie, rien de moins.

Demeure donc la question du public cible et là est peut-être le nœud. Bien sûr, aux profs, bibliothécaires, libraires, littéraires à l’âme d’enfant (ou pour la faire ressortir). Aux ados et préados (il est annoncé comme 10-14 ans) ? En fait, il faudrait qu’ils puissent déjà avoir en eux cette curiosité et cette flexibilité intellectuelle à laquelle ce premier tome invite. Mais comme le dit l’autrice, nous pourrions être surpris de la souplesse et de l’appétit de certain·es. Il faut seulement leur faire confiance… et bien les accompagner !  

Merci à Madrigall Canada pour le service de presse !