La dernière reine du bal

Maddy a toujours fait attention à ses cheveux. Ne jamais suer. Ne jamais être sous la pluie. Ne pas laisser l’eau toucher ses cheveux. Papa le veut. Et ce que papa veut est une loi à respecter. Mais voilà, quand son prof l’oblige à courir sous la pluie et que sa chevelure gonfle, sa vraie nature est révélée… et ce que cet incident mettra en branle dans la petite ville de Springfield laisse peu de gens indemnes. Et vivants.

Réécriture du classique Carrie signée par Stephen King, La reine du bal offre une intrigue qui joue avec le paranormal pour mettre en lumière toute l’horreur du racisme, Pour un lectorat avancé et avisé.

L’avis de Sophie

On ne se rend pas toujours compte des changements profonds en littérature tellement ils se font parfois dans la douceur. Mais ces dernières années, il y a vraiment une ouverture plus grande et une attention portée aux TW et au vocabulaire utilisé pour ne pas blesser.. Je me suis habituée à ça s’en vraiment en être consciente, ce qui fait que j’ai eu tout un choc avec ce roman-ci, qui n’édulcore rien du tout et emploie des termes racistes offensants pour bien montrer la dureté de la vie à Springfield pour les élèves noirs, notamment. Il faut donc le savoir avant de commencer parce que ça pourrait vous déstabiliser aussi !

Après, ces mots choquants et les scènes fortes qui les accompagnent ce sont pas gratuits et servent le propos : on comprend rapidement la pression que subit Maddy. À la maison, elle est forcée de jouer un rôle par son père (être ignoble, coincé dans une mentalité du passé et tyrannique). À l’école, elle est repoussée de toute part, empêchée d’être elle-même et obligée de s’habiller différemment, rejet qui devient encore plus grand lorsque sa chevelure révèle ses origines puisque le racisme dans son environnement est systémique, intériorisé chez plusieurs personnages par ailleurs.

Le choix de la temporalité est efficace : on sait dès le départ que la soirée du bal s’est TRÈS mal terminée, mais toute la question est le comment, le pourquoi. Et au fil des scènes, du temps, on sent monter la tension : la soupape de Maddy qui va exploser, mais aussi les actions terribles de celles et ceux qui l’entourent, même (et parfois surtout) sous le couvert du bien. Ce sera sanglant, sachez-le, mais le plus écœurant vient des actes et des paroles rapportées au fil de l’histoire. L’autrice dénonce, haut et fort. Difficile de ne pas être choqué.e.  

Merci à Nathan pour le service de presse !